Petite réflexion sur les rythmes scolaires!!!!!
Je suis très étonné que la réforme des rythmes scolaires n'ait pas davantage mobilisé les différents acteurs politiques ou du moins, sans argument valable. Je suis enseignant en primaire (mais aussi parent de jeunes enfants scolarisés) et très attaché au sens du service public. Je suis abasourdi par le fait que les syndicats (dits représentatifs même si ce n'est pas le cas) aient autant collaboré. Ils se rendent compte aujourd'hui progressivement du mécontentement de la base. Seuls quelques syndicats, tels FO, CGT et SUD se sont mobilisés, mais ils sont peu audibles tant leur refus est permanent. Peu d'enseignants y sont également syndiqués.
S'il est évident que cette réforme engendrera des coûts supplémentaires pour les collectivités, elle ne semble pas adaptée aux réels besoins des élèves de France. Elle ne permettra pas une amélioration du niveau scolaire. Il serait bien-sûr trop long de proposer ici des solutions, mais je m'interroge en revanche sur quelques points:
-actuellement, les enseignants du primaire ne sont présents que 24h (au lieu de 26h autrefois, avant la réforme Darcos) devant le groupe classe. 1 heure est proposée à un petit groupe d'élèves pour des projets particuliers ou des aides spécifiques. L'un des arguments de cette réforme est que les élèves n'ont pas assez d'heures de cours... je m'étonne donc!
- les enseignants, à défaut d'être devant les élèves, doivent bien-sûr assurer en contre partie des heures et participent donc à des animations ou formations. (choix des syndicats)
- lors de la mise en place de la réforme, il était indiqué que les enfants ne devaient surtout pas être en classe 6 heures dans la journée. Or, avec les nombreuses dérogations et avec le décret Hamon, les cas où les élèves seront présents 6 heures à l'école sont multiples. Aussi de nombreux chronobiologistes ont indiqué que l'enfant retrouvait ses capacités de concentration vers 15h (ou 15h30, à vérifier).
- Il est annoncé que les enfants doivent faire des activités sportives et culturelles dans le cadre de l'égalité des chances. Cependant, les enseignants sont tout à fait qualifiés pour enseigner les arts visuels, la musique et le sport. Ce qu'ils ont toujours fait (et qu'ils feront sans doute encore). Le diplôme d'enseignant reconnaît cette polyvalence et de nombreux professeurs ont choisi ce métier pour cela.
En continuant de confier cette fonction aux professeurs, cela n'engendrerait aucun coût supplémentaire aux communes.
En continuant de confier cette fonction aux professeurs, cela n'engendrerait aucun coût supplémentaire aux communes.
- De nombreux enfants resteront aussi longtemps à l'école (et de nombreuses communes se contenteront de ne faire que de la garderie) parce que les parents travaillent ou parce que certaines familles ne feront pas l'effort de les récupérer, préférant les confier aux différents services d'accueil.
- le choix du mercredi est curieux parce que si l'enfant peut effectivement conserver un certain rythme durant la semaine (quoique de nombreuses communes ont fait le choix de faire débuter la matinée du mercredi plus tardivement), il peut s'autoriser deux couchers plus tardifs en fin de semaine (vendredi et samedi);. En choisissant le samedi matin, l'enfant aurait pu s'autoriser deux couchers plus tardifs, certes, mais non consécutifs (mardi soir et samedi soir). C'était d'ailleurs l'avis de certains chronobiologistes. Mais ce choix a été sans doute écarté en raison des familles divorcées et/ou de l'économie touristique (mais est-ce à la société de s'adapter à la vie des gens, ou l'inverse?)...le choix de travailler 6 jours consécutifs 4h30 aurait été aussi possible mais les boucliers auraient été levés!
Il aurait été donc possible de proposer un retour à 26 heures hebdomadaires devant les élèves, de diminuer les journées (matinées plus longues et après-midi plus courtes - pourquoi ne pas mettre en place des temps de sieste ou de relaxation comme cela se fait dans certaines entreprises à l'étranger afin de permettre aux employés d'être plus productifs), de garder une semaine à 4 jours et demi (mais le samedi travaillé), en réformant les programmes (le matin destiné à l'enseignement du Français et des Mathématiques, et les après-midi à des enseignements moins exigeants en terme de concentration), en diminuant le nombre de jours de vacances, notamment celles d'été, parce que de nombreux élèves défavorisés en difficultés ne sont pas sollicités durant cette période et oublient les bases nécessaires à une bonne reprise des apprentissages en septembre. On aurait même pu imaginer une fin d'année en juillet plus douce et une reprise tranquille fin août en ne travaillant que les matins!
Si les pistes sont nombreuses, les options choisies ne feront jamais l'unanimité mais il semble tout de même que cette réforme ait été élaborée dans la précipitation, à moins qu'elle n'ait été au contraire mûrement réfléchie pour changer certains statuts et certains rouages de la société.
Frédéric Merger
Enseignant en CE1 en ZEP (ECLAIR) depuis 10 ans et entraîneur bénévole.
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