Livre : Les Déshérités ou l'urgence de transmettre par François-Xavier Bellamy
Voilà à mon avis un bon livre à mettre entre les mains des parents, des enseignants et des éducateurs. Il faudra cependant commander cet ouvrage dans votre librairie préférée car on ne le trouve pas en tête de gondole (en tout cas pas entre Trierweiler et Zemmour).
Par une démonstration philosophique accessible et soutenue d'exemples concrets de notre univers quotidien, l'auteur établit toute l'importance de la culture et de sa transmission. Moi-même père de trois enfants scolarisés je ne peux malheureusement que constater la déchéance de l'Education Nationale. Mes deux grands quitteront très probablement le collège sans avoir lu aucun livre (disons deux ou trois pour ne rien exagérer). Quelle tristesse alors que notre littérature française est si variée. Pour les jeunes garçons qui préfèrent les sciences et la technique, on peut toujours échapper à la Princesse de Clèves et rêver et s'évader avec la Planète des Singes, la Nuit des Temps ou le Voyage au Centre de la Terre ! J'en conserve moi-même tant de souvenirs précieux. Quant à ma fille au CE2, elle doit subir cette année l'arrivée d'un tableau numérique (un appareil avec alimentation ventilée qui ronfle sans interruption pendant tout le temps des cours). Sans remise en cause, ni même un bilan financier, le maire de notre village se réjouit de la connexion à Internet des trois tableaux numériques. Pour quel besoin pédagogique et pour quel résultat prouvé, nul ne le sait. L'institutrice qui ne s'y connaît pas en informatique, découvre avec les enfants le fonctionnement de la lucarne magique. Enseignants et élèves au même niveau, l'objectif de l'Emile de Rousseau est atteint.
Ce déficit de lecture implique mécaniquement un déficit de vocabulaire et ce déficit, nous explique François-Xavier Bellamy, plonge nos jeunes dans un monde indifférent, uniforme, faute de mot pour le comprendre dans toutes ses nuances. A l'extrème cet absence de mot, faute de culture, conduira à la violence et la barbarie, le contraire de la civilisation. Cette abandon lent de la culture dans l'éducation est un phénomène sournois : il s'étend sur des décennies et on trouve de plus en plus dans nos média d'exemples de réussite professionnelle sans besoin de culture. Il suffit de trouver la bonne idée au bon moment, de monter sa start-up et d'empocher les dollars. Ainsi Black M peut narguer madame Pavoshko.
Un regret tout de même à cause de la réduction simpliste des pensées de Descartes et de Rousseau. Je ne sais pas si je suis rousseauiste moi, mais il me semble que ce grand homme avait apporté sa contribution à l'aboutissement de notre Etat démocratique moderne. Le livre de ce point de vue est bancal comme une dissertation de philosophie faisant l'impasse sur le triptyque thèse, antithèse, synthèse. Rousseau ici n'a pas droit à sa défense ce qui nous laisse des propos aux accents de polémique, dommage.
Cet article est déjà paru (à quelques modifications près) sur le site Liberté Politique à cette page : http://www.libertepolitique.com/Actualite/Decryptage/Education-la-sauvagerie-des-desherites
Jérôme Framery DLF63
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