Debout L'Auvergne

Debout L'Auvergne

1984 d'Orwell à toutes les sauces


"Big brother", "Novlangue", "Police de la pensée", ces termes ne vous ont probablement pas échappés dans l'actualité en générale et dans l'actualité politique en particulier. Ces expressions, désormais courantes proviennent d'une source unique : le roman "1984" de George Orwell publié en 1949.

 

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On y fait désormais référence dès qu'un débat d'opinion ne fait pas l'unanimité.

Chacun s'en donne à coeur joie, la gauche pour s'offusquer de la droite réactionnaire, la droite pour dénoncer la gauche moralisatrice. C'est pratique, çà marche dans les deux sens.

Pour preuve, je me suis amusé à un petit jeu. Vous prenez sur Internet deux sites d'actualité l'un de droite, l'autre de gauche et vous tapez dans la zone de recherche du site "orwell". Là, vous êtes ensevelis sous un monticule de résultats :

http://www.valeursactuelles.com/search/node/orwell 
41 résultats dont cet article du 12/03/2014 :
"Affaire des écoutes de Sarkozy. Le simple mot fait peur. Immanquablement, on pense au roman de George Orwell 1984"

http://recherche.nouvelobs.com/?q=orwell
182 résultats dont cet article du 16/02/2014 :
"Pour Georges Orwell, "le langage politique est destiné à rendre vraisemblables les mensonges, respectables les meurtres et à donner l’apparence de la solidité à ce qui n’est vent". Mais en l’occurrence, il parlait de dictatures et de tyrannies. Raison de plus pour condamner les petits arrangements avec la vérité à la Copé."


Cette profusion de résultats avec le mot-clé "orwell" illustre à mon avis trois faits :

1) De toute évidence, "1984" est un chef-d'oeuvre de la science-fiction et à mon avis un chef-d'oeuvre tout court de la littérature du XXième siècle. Je ne considère pas la science-fiction comme un sous-genre. On a en effet finalement peu d'exemples d'expressions passées du roman au langage courant. A part le fameux "Un pour tous, tous pour un" des Trois Mousquetaires, on a vite fait le tour.

2) Autre constat, plus triste celui-ci, est le fait que nos journalistes, chroniqueurs, penseurs, politiciens ne furent pas très prolifiques au cours de ces dernières décennies. Il n'ont qu'un roman vieux de plus de soixante ans à se mettre sous la dent.

3) Enfin le succès du vocabulaire orwellien démontre une dérive de notre époque : on n'exagère tout, on ne sait plus pratiquer l'art de la nuance. Plus de juste milieu, plus de parade à la mesure de l'attaque. A peine un gouvernement, un homme politique expose son point de vue que ses opposants ne partageant pas le même avis décoche comme une flèche leur petite phrase orwellienne. Chacun se renvoie du Orwell en pleine face. Et çà fait bien, çà donne à n'importe quelle basse polémique son lifting littéraire. Alors que le roman décrit un régime totalitaire violent (lavage de cerveau, scènes de torture...) nous connaissons le bonheur de vivre en paix dans le pays de la liberté de parole. Nous sommes des enfants gâtés qui n'avons connu ni la guerre ni la dictature et nous nous permettons donc de jouer à se faire peur. On ferait bien de s'en souvenir avant d'invoquer les démons d'Orwell. Et chacun de mesurer ses propos et de relire le roman dans son intégralité.

En conclusion je ne saurais que vous conseiller de (re)lire d'excellent livre. Je dirai même : sa lecture au lycée devrait obligatoire. Quoi ! Non mais j'y crois pas. Vous vous rendez compte ce qu'il écrit cet extrémiste, on nous imposerait ce que nos enfants doivent lire. On se croirait dans ce roman de science-fiction avec le big machin et la police de la pensée, c'est comment le titre déjà ?  .... CQFD.


Quatrième de couverture (Edition de poche Folio N°822)
De tous les carrefours importants, le visage à la moustache noire vous fixait du regard.
BIG BROTHER VOUS REGARDE, répétait la légende, tandis que le regard des yeux noirs pénétrait les yeux de Winston...
Au loin, un hélicoptère glissa entre les toits, plana un moment, telle une mouche bleue, puis repartit comme une flèche, dans un vol courbe. 
C'était une patrouille qui venait mettre le nez aux fenêtres des gens. Mais les patrouilles n'avaient pas d'importance. 
Seule comptait la Police de la Pensée.



Jérôme Framery



28/04/2014
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