Mariage homosexuel en Irlande : Un peuple rend la monnaie de sa pièce à l'U.E.
Le référendum irlandais portant sur la possibilité à deux personnes de même sexe de se marier a porté un coup aux catholiques et aux opposants français au "Mariage pour Tous" de toute confession et de tout bord.
Le choc tient au fait qu'en France circulait encore l'image d’Épinal d'une Irlande très catholique, conservatrice et fidèle à son héritage religieux, fondement de son identité nationale. Il n'y a pas si longtemps le peuple irlandais s'opposait en effet vigoureusement aux législations favorables au recours à l'avortement par exemple.
Et c'est la forme du scrutin, un référendum populaire, qui amplifie ce choc. Nul ne commettrait l'imprudence et la bêtise chez les opposants au projet de remettre en cause ni la forme ni l'issue d'un tel scrutin, la perle de l'expression démocratique. En France c'est un camouflet pour les opposants au "Mariage pour Tous": ils avaient eux-mêmes réclamé pour la France le référendum, sûrs de leur victoire. Plus aussi si sûrs finalement et ce résultat irlandais devient en France la confirmation de la victoire des partisans de la loi Taubira.
De fait, les opposants français au mariage homosexuel ne se sont pas ou peu exprimé sur ce sujet d'actualité. Ils sont, il faut le reconnaître, tout occupés à lutter contre le poison de la GPA qui infecte notre pays lentement mais sûrement. Chez les catholiques, on analyse le résultat irlandais à la lumière de la théologie et d'études sur l'évolution des sociétés modernes : échec d'un clergé trop préoccupé par le temporel au détriment du spirituel, message de l’Église inefficace auprès des jeunes, scandale des affaires de pédophilie, marche forcée vers la modernité, etc... Je propose une explication plus pragmatique et plus simple, simpliste diront mes détracteurs : le peuple irlandais comblé des subsides de l'Union Européenne rend la monnaie.
Par une politique de défiscalisation agressive, avec la bienveillance de l'U.E. et un plan européen de subventions l'économie irlandaise a progressé de manière formidable ces 25 dernières années (à l'exception de l'accident de parcours de 2008). Les taux de croissance économique ont été exceptionnels (+9 % par an entre 1995 et 2000). Le niveau de vie des Irlandais était en 2007 parmi les plus élevés au monde, avec un PIB par habitant se plaçant parmi les premiers du Monde. Cette manne financière aura eu un goût de divine Providence pour les Irlandais.
Au cours d'une messe le curé de ma paroisse exhortait les enfants à continuer de venir à la messe du dimanche ainsi : "Que se passe-t-il si on arrête de manger ? On meurt eh oui ! Eh bien si on arrête de se nourrir des choses spirituelles, c'est la même chose, quelque chose meurt. On n'a jamais aussi bien vécu dans le confort comme à notre époque, alors on se contente de ce confort, et on vit comme des animaux, comme des vaches broutant dans un pré (en Auvergne l'homélie pastorale est courante)." Les vaches irlandaises donc broutent depuis deux décennies une herbe plus grasse et plus verte à un point que l'héritage culturel et national en est devenu une nourriture surabondante.
Le vote favorable au mariage homosexuel, étendard d'une Union Européenne embourbée dans son idéologie libérale libertaire était pour l'Irlande une façon de témoigner son accord tacite à la politique européenne. J'y vois personnellement un signe d'allégeance avec tout le cérémonial d'un référendum. Lorsque l'on a accepté la main tendue de Mammon on évite ensuite de l'offenser et la croissance financière valait bien cette légère entorse. En finalité la "cause" homosexuelle est très éloignée de notre affaire.
Dire que le peuple a vendu son âme serait excessif mais on dira sans risque qu'en votant en faveur du mariage homosexuel le peuple irlandais a rendu la monnaie de sa pièce à l'Union Européenne
Jérôme Framery DLF63
A découvrir aussi
- De Gaulle sa vision du sionisme et du conflit Israel Palestine - 1967
- Le sens de la démocratie
- Langues régionales : à DLF on les aime aussi !