Les bonnes raisons de rejoindre Debout La France (ou l'histoire d'un parcours)
Lors du congrès de DLF du 05/10/2013 à Paris, Dominique Jamet avait exposé son parcours politique et les raisons pour lesquelles il avait au bout de ce cheminement décidé de rejoindre Debout La France. On retrouve la vidéo de son intervention ici :
http://www.debout-la-republique.fr/article/une-figure-du-journalisme-rejoint-les-rangs-de-dlr
A ma modeste façon je vais vous décrire mon parcours d'idées et la comparaison avec monsieur Jamet s'arrête là car je n'ai pas son expérience bien entendu et ma plume à côté de sa plume si affûtée n'est qu'un grossier marqueur.
Mon histoire commence par une blague de gamin : "Tu connais la différence entre un ouvrier et un ingénieur ? L'ouvrier se lave les mains avant d'aller pisser, l'ingénieur après", éclat de rire général, fierté et réconfort de ne pas appartenir à l'immonde classe bourgeoise. C'est anecdotique et en même temps universel car cette blague que l'on faisait circuler entre copains de notre cité minière du Valenciennois peut être déclinée à l'infini en mode rural ou en mode banlieue. Cela remonte aux année 1980, les cours de récréation ne sont probablement pas différentes(1). Comment dans ce contexte un fils d'ouvrier ou un fils de paysan trouve-t-il la motivation pour serrer les dents et grimper sur l'échelle sociale? En a-t-il seulement l'ambition ou n'est-ce-pas ce qu'il cherchera presque à éviter. Heureusement mes enseignants du collège puis du lycée m'ont guidé jusqu'à la classe préparatoire pour les grandes écoles(2). Je ne sais pas si le système éducatif actuel fonctionne toujours aussi bien, mais je l'espère. Boursier de l'Etat, je suis parvenu à décrocher un diplôme d'ingénieur. C'est que les ouvriers qui laisseraient entendre qu'ils sont satisfaits de leur situation souhaitent pour leurs enfants un meilleur avenir.
Les souvenirs qui vous restent de la petite enfance sont tenaces et ne vous permettent pas de raisonner librement. Quand à l'âge de six ou sept ans on chante "le chiffon rouge" sur la place d'Armes de Valenciennes au cours des grandes grèves des métallo (c'est le second choc pétrolier, début des années 1980) on reste marqué à vie, envoûté par les berceuses de l’extrême gauche vous promettant religieusement le bonheur à venir : du vrai Germinal(3). Il est exclu de croire que la droite puisse avoir de sentiment social : ce n'est que capitalisme, accaparement des profits et méprise des pauvres.
Ce contexte familial a fait de moi un électeur socialiste convaincu jusqu'aux années Jospin environ alors que je finissais mes études. Voter différemment aurait constitué une forme de trahison(4).
Parlons à présent du Front National, puisque il s'agit d'un intermède dans mon parcours pendant les années lycée. Comment est-ce-possible me demanderez-vous ? Je vous étonnerais peut-être en vous disant que c'est un mouvement très classique dans le milieu ouvrier. On l'a découvert tout surpris en avril 2002 mais la vague de fond avait accumulé déjà son énergie depuis plusieurs années. En effet comment résister à tant de promesses et comment contredire tant d'arguments d'une simplicité et donc d'une efficacité garantie. Voilà enfin un parti rempli de bon sens qui concentre son action sur la défense de la France et des français, ce qui après tout est le minimum que l'on puisse attendre de la part d'un politique français (on n'organise pas, en France, des élections pour faire baisser le chômage au Portugal ou en Pologne).
Malheureusement, croyez-moi chers lecteurs, le premier moteur d'un militant du Front National c'est son orgueil, sa délectation de se croire pur, tout encensé de discours sur la grandeur de la France et des français. Ici à partir du moment où vous êtes français rien ne peut plus vous arriver, vous devenez un gardien de la France éternelle, vertueux et jaloux. C'est que chez eux aussi on se gargarise d'idéologie. On tombe dans l'extase des extrêmes aussi facilement à gauche qu'à droite. Les ressorts psychologiques sont les mêmes.
Diplôme d'ingénieur en poche, l'accès au monde du travail, les premiers salaires et le partage d'idées avec des étudiants issus d'autres horizon m'ont fait évoluer. Fier de mon succès personnel j'ai eu la prétention de n'en devoir à personne et les autres n'avaient qu'à en faire autant. Je deviens tout logiquement un électeur de droite. « Si tu veux gagner plus tu n'as qu'à travailler plus », voilà bien une maxime qui tombe sous le sens, que n'y a-t-on pas songé plus tôt ? Ou encore « Si l’ascenseur social est en panne tu prends les escaliers ». Et ainsi un tas fadaises qui ne sont motivées, convenez-en avec moi que par l'égoïsme et le mépris des autres. Vanité! Quelle honte d'être tombé dans le panneau aussi simplement. A ma décharge, il en faut très peu pour effaroucher les gens de mon espèce : un peu de clinquant pourra y suffire. Cette litanie des valeurs du travail et de la réussite personnelle vous amène progressivement à devenir un défenseur autoproclamé de l'ordre et de la vertu. Par conséquent vous ne pouvez considérer vos adversaires de gauche que comme des individus décadents et immoraux. On se retrouve finalement, comme dans les deux situations précédentes, bercé par le confort de l'autosatisfaction.
Comment passe-t-on d'un bord à l'autre aussi facilement pour des raisons de conjoncture. C'est à croire que les deux côtés de l'hémicycle ne sont qu'un même espace. Pour cela, le Front National a trouvé son jeu de mot favori : UMPS, contraction de UMP et PS tout en prenant soin d'écarter le Front National lui-même qui se trouverait au de-là de basses considérations.
Alors qu'est-ce au juste que ce clivage gauche-droite, puisque à me lire la dichotomie semble répondre à une distribution pour le moins aléatoire (aussi aléatoire que la famille dans laquelle on débarque) ?
Le clivage gauche-droite est-il à mettre en parallèle avec la situation socio-professionnelle (les ouvriers et les employés à gauches, les cadres à droite) ? C'est simpliste mais partiellement vrai, statistiques à l'appui.
Ou bien le clivage gauche-droite résulte d'une répartition générationnelle (on vote toujours à l'opposé du choix familial, autre façon de tuer le père ?). C'est encore moins vrai même si on trouve des exemples confirmant cette idée(5). L'idée inverse est aussi probable : on évolue à gauche ou à droite par fidélité entre générations. Si une famille possède un ancêtre, illustre notable de gauche ou de droite, les descendants perpétuent l'appartenance sans considération pour son propre système de pensée.
Non en vérité c'est plus simple encore : le clivage gauche-droite procède de la paresse intellectuelle. Et le centrisme est le comble de cette nonchalance, en y ajoutant l'opportunisme et en s'épargnant de l'effort de la lutte propre aux extrêmes.
Paresse intellectuelle donc, car il est toujours plus aisé, plus rassurant, plus jouissif de se conforter dans ses propres opinions. Le bonheur paisible de l'autosatisfaction. C'est d'autant plus confortable que l'appartenance à la gauche ou à la droite profite de l'effet de masse des grands troupeaux et repose sur des dogmatismes bien rodés.
Dogmatisme de la gauche : la conviction de faire partie des gens gentils, protecteurs du pauvre de la veuve, de l'orphelin et de l'étranger. La gauche française trouve toujours un opprimé à défendre(6). Mais il ne faut pas s'y tromper, cet acharnement à vouloir le bonheur du peuple parfois contre son gré ne conduit qu'à la pensée unique et à terme à l'autoritarisme.
Dogmatisme de la droite : sous couvert de défendre les valeurs du travail on s'emploie en réalité à faire fructifier son propre profit au plus court terme et sans considération pour le bien commun (je pense à la fuite des cerveaux et des capitaux). Ceci ne fait qu'aggraver le déséquilibre dans la répartition des richesses.
Il ne peut rien sortir de bon des dogmatismes et des luttes entre les dogmatismes fussent-elles de forme démocratique. Les débats de notre assemblée se résument trop souvent à des affrontements bipartites en dépit du bon sens(7).
Au terme de mes tribulations, j'ai fini par débarquer chez Debout La France, dans le Puy-De-Dôme.
Qu'ai-je donc trouvé là-bas pour terminer un parcours qui en toute logique aurait du me dégoûter de toute action politique ? Et j'espère que ceci pourra vous convaincre :
- Pas de dogmatisme chez Debout La France ? Pourquoi ce parti ne serait-il pas contaminé comme les autres ? Parce-que le raisonnement que j'ai tenu ci-dessus et, je crois, partagé dans notre mouvement. A la limite, le gaullisme pourrait être notre dogme. Non point, car le gaullisme n'est qu'un pragmatisme, le général lui-même était attentif à ce genre de dérive.
- Assez de clairvoyance pour ne sombrer dans aucune idéologie. A force de vigilance constante, nous cherchons à comprendre les événements avec raison et prudence. C'est notre devoir de citoyen français de toujours exercer notre esprit critique.
- C'est le choix de la difficulté. Choisir Debout La France, c'est marcher sur un fil, c'est accepter l'héritage et tout l'héritage d'une révolution française dans toute sa complexité et dont les français subissent toujours le traumatisme collectif. Le peuple français est ainsi fait : révolutionnaire et conservateur à la fois mais toujours attaché à la défense du bien commun.
- La volonté de rétablir la paix sociale(8), le vivre ensemble et la laïcité(9).
- Le projet de rétablir la grandeur de la France en premier lieu grâce à l'éducation
- Le patriotisme serein et la conviction que la France peut s'en sortir !
- Et enfin une ambiance amicale dans notre fédération de Clermont-Ferrand où chacun apporte son expérience. Le groupe est mixte et intergénérationnel, chacun apporte sa compétence et entre amoureux de la lecture et de la connaissance nous échangeons nos livres et nos critiques.
Rejoignez DLF ! C'est le choix du courage et de la liberté !
Jérôme Framery, DLF63
(1) En interrogeant mes enfants (au collège et en primaire) il semblerait que la compétition se situe aujourd'hui plus sur ce que l'on possède que sur d'où l'on vient. Possèdes-tu la dernière console de jeu, la dernière tablette, combien as-tu de Lego ou de Playmobil, as-tu dans ta bibliothèque la série complète des Tara Duncan ? La société de consommation a peut-être définitivement déblayé les cours de récréation de la lutte des classes. Faut-il s'en réjouir ?
(2) A Debout La France on a protesté contre le projet de gouvernement de réviser le salaire des enseignants des classes préparatoires. Ayant moi-même suivi ce cursus, je défends personnellement l'argumentaire de DLF. Voir l'article d'Eric Anceau : http://www.debout-la-republique.fr/communique/une-nouvelle-atteinte-la-meritocratie-republicaine
(3) A propos de Germinal, Bertrand Tavernier a tourné son film à Anzin (59) sur les friches industrielles des anciennes usines de métallurgie. Le temps d'un tournage des figurants locaux ont eu la fierté de montrer la vie de nos ancêtres mineurs du Nord Pas-de-Calais. Bertrand Tavernier reviendra quelques années plus tard à Anzin pour filmer «Çà commence aujourd'hui » avec Philippe Torreton dans le rôle du directeur de l'école maternelle. Le film décrit une triste réalité dont je confirme l'authenticité.
(4) Je me souviens aussi d'un oncle, un pur et fervent communiste et cégétiste. Il réparait les ambulances au CHU de Valenciennes. En me voyant partir faire des grandes études, il s'inquiétait pour moi et me voyait déjà corrompu par "les riches".
(5) Mon grand-père paternel, mineur de fond était prisonnier de guerre en Allemagne et il a connu la Libération. De fait, il était gaulliste puis électeur du RPR. Mon père tout à l'opposé était mitterrandien, convaincu du bienfait du socialisme pour le monde ouvrier. Voilà un exemple de clivage entre générations sans rupture de milieu socioprofessionnel.
(6) Faute d'ouvrier à défendre dans notre pays où l'industrie est moribonde, le gouvernement socialiste reporte la lutte des classes sur de nouveaux opprimés en allant les chercher dans les minorités sexuelles (ce qui présuppose qu'appartenir à une de ces minorité est un handicap social). Désormais les enfants doivent se libérer de leur sexe imposé sans consentement dès la naissance pour choisir librement leur genre. Les parents jouent dans cette comédie tragique le rôle de la nouvelle classe réactionnaire.
(7) Quel dommage que le vote de la loi portant sur le mariage des personnes de sexe opposés se soit résumé en pugilat gauche-droite, faute de débat. Il n'y avait pas de raisons a priori d'avoir un bloc unanime des « pour » à gauche et un bloc tout aussi unanime des « contre » à droite. A la limite, on pourrait même dire que d'un point de vue économique cette loi pouvait mieux convenir à de gros capitalistes de droite, actionnaires des grandes sociétés pharmaceutiques et spéculant déjà sur les juteux bénéfices à venir quand seront ouverts en France tous les marchés du bricolage génétique (ce que l'on voit déjà aux États-Unis). A contrario pourquoi les écologistes défenseurs des écosystèmes naturels étaient-ils dans le bloc des « pour » ? Il doit sûrement n'y avoir dans ce pays que des verts qui sont rouges.
(8) Sur ce sujet il y a urgence à réagir. Trouve-t-on encore aujourd'hui en France des familles chrétiennes et communistes. C'était possible il y a quelques décennies encore où défendre les classes laborieuses pouvait s'apparenter à la charité chrétienne et au partage des richesses. De nos jours l’extrême gauche défile à Paris en mémoire des années de la Terreur lors desquelles on a assassiné tant de religieux. De fait, les catholiques ne sauraient plus les suivre dans ce délire idéologique. Voir :
http://www.lepartidegauche.fr/viedegauche/article/hommage-parisien-robespierre-29460
(9) Moi-même catholique pratiquant je m'accommode parfaitement de la laïcité à la française que je défends. Elle me permet de pratiquer ma religion sans contrainte et elle freine les ardeurs de mes coreligionnaires trop zélés qui d'aventure voudraient confondre les affaires d'état et les affaires religieuses. Le général de Gaulle, catholique, s'en portait également très bien. Il a toujours su séparer les intérêts de l'Etat et les affaires de l'Eglise.
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