Debout L'Auvergne

Rejetés par une fausse gauche sur la droite, et même l’extrême droite, il convient de s’interroger sur notre identité politique. Mon hypothèse est que nous avons une dimension de gauche et une dimension de droite, et que cela définit  notre singularité et une utile ouverture d’esprit au-dessus et au-delà des durs petits esprits de droite et de gauche. En cela nous pouvons être rattachés au « bonapartisme » (selon la classification de René Rémond), cette « droite de la main gauche », populaire, républicaine et démocratique.

Le problème c’est que la gauche diffuse depuis toujours un massage falsifié : c’est la droite qui est responsable des malheurs et des perversions politiques du XXème siècle (antisémitisme, racisme, colonialisme, affaire Dreyfus, fascisme, Collaboration, guerres coloniales). Il suffit donc ensuite de taxer de droitier un parti pour le faire participer à ces péchés historiques et à le délégitimer.

Or un minimum de réflexion nous montre que c’est une idée fausse et un message qui tend à faire oublier les erreurs de la gauche en ce domaine.

L’idée que je veux développer c’est que dans les erreurs politiques de l’époque la responsabilité de la droite et de la gauche sont largement partagées.

1 l’antisémitisme vient de loin. Il avait certes des origines chrétiennes, mais il fut souvent une constante des philosophes des Lumières, Voltaire en tête. La tradition se perpétua au 19^ème siècle parmi la plus part des théoriciens du socialisme (Marx, Proudhon, Fourier pour les plus connus), et chez des écrivains icônes de la gauche éducation nationale comme Zola. Cette tradition de pensée (l’antisémitisme comme branche de l’anticapitalisme) existe en parallèle avec un fort équivalent à droite, mais cela n’empêche pas qu’a existé un fort antisémitisme de gauche, d’où vient par exemple Louis-Ferdinand Céline et la gauche de la Collaboration.

2 Le racisme

Provient du scientisme du 19^ème siècle et du darwinisme social. Vacher de Lapouge le théoricien du racisme était un athée, anticlérical, matérialiste et candidat du parti socialiste, l’envers de l’homme de droite de l’époque. Son approche fut appuyée par la création de chaires d’anthropologie raciale et il faut noter que le thème des « devoirs et droits des races supérieures sur les races inférieures » fut développé dans l’enseignement laïc et même invoqué en 1947 par un ministre socialiste pour justifier la répression qui avait eu lieu la même année à Madagascar.

3 Affaire Dreyfus

Les débuts furent confus, souvenons-nous que le jeune Léon Blum alla proposer à Maurice Barrès de prendre la tête des intellectuels dreyfusards, que l’extrême gauche refusait de soutenir "un traineur de sabre allié de la bourgeoisie", et qu’une partie de la gauche croyait en la culpabilité de Dreyfus. En parallèle le capitaine disposait du soutien d’officiers supérieurs , de chrétiens ,de la famille de Gaulle...Par la suite les ligues de droite ,souvent inspirées par les souci de défendre l’armée de la Revanche marquèrent le mouvement à droite. Notons que les derniers dreyfusistes furent nombreux en 1940 dans la gauche de la Collaboration. Notons aussi que Charles Péguy, ardent dreyfusard (et l’un de nos inspirateurs), avait ensuite vivement dénoncé la transformation de son mouvement en une sorte de syndicat politicien.

4 colonialismes

La responsabilité de la gauche dans les débuts de l’idéologie coloniale commence à être bien connue, et aussi le fait qu’un certain nombre de l’armée française, des chrétiens et des patriotes (comme Déroulède et sa ligue) étaient anticolonialistes à l’époque de Jules Ferry. Si la gauche (et surtout l’extrême gauche) commença au début des années 20 à se débarrasser de l’antisémitisme et du colonialisme, il faut quand même observer que jusqu’à la fin de 1957 les partis de gauche (dont le PCF) avaient voté les crédits pour l’envoi du contingent en Algérie et qu’en 1959 il y eu des positions d’une gauche, certes très modérée, pour l’ Algérie française (Il est vrai que les socialistes avaient au début de la guerre couvert la torture, et guillotiné les membres du FLN.( Conséquence plus tard :ils n’ont pas été pendant longtemps invités aux congrès du FLN, alors que les gaullistes l’étaient.

En 1945 nous avons pu voir les communistes participer à la répression de Sétif, qualifiée par L’Humanité d’insurrection d’anciens collaborateurs arabes des nazis.

Nous sommes loin d’un long combat anticolonialiste qui aurait été mené par la gauche depuis longtemps.

5 Le fascisme

Un constat préliminaire doit être fait : les mouvements fascistes naissent de la jonction d’une colonne venue du socialisme révolutionnaire (voire anarchiste), et d’un courant de droite moderniste. Bien sûr il est arrivé souvent que l’aile gauchiste (cf. la gauche nazie) soit éliminée ou minorée après la prise du pouvoir, pour quelquefois revenir ensuite, partiellement souvent. Sa nature particulière va l’amener d’ailleurs dans plusieurs pays à s’opposer à l’extrême droite « classique ». Notons que lors de la Collaboration les nazis avouaient leur préférence vis-à-vis des fascistes venus de la gauche, par rapport aux réactionnaires cléricaux de Vichy. Bien entendu il s’agit de ne pas faire d’amalgame entre le fascisme réel et les régimes traditionalistes-ultraconservateurs comme la Hongrie d’Horthy, le régime de Vichy ou l’Espagne de Franco.

Le fascisme n’est d’ailleurs pas fermement lié au nationalisme : L’Allemagne nazie et l’Italie fasciste ont cherché à se créer des internationales, blanche raciste pour Hitler, Pour l’universalité du fascisme romain du côté de Mussolini.

6 Collaboration

L’ouvrage de Simon Epstein « Le paradoxe français » a démontré  que la Collaboration avec les nazis était largement le fait de la gauche pacifiste, et que la droite et la droite extrême avaient très largement participé à la Résistance.

 Tous ces faits ont été longtemps niés ou minorés dans une certaine pensée de gauche qui pratiquait le mensonge par omission. Mais la vérité, qui comme le disait Lénine est seule révolutionnaire, commence à passer.

Pascal Sigoda