Régionales 2015 : Nous n'avons pas échoué !
"Résultats catastrophiques !" c'est le message que j'envoie à notre directeur de campagne dès que j'ai connaissance des résultats le soir du 6 décembre dans mon village du Puy-de-Dôme. 24 voix contre 36 gagnées lors des élections législatives européennes de 2014 et avec pourtant 100 votants de plus ! Quelle déception après un long travail de campagne de terrain. Je tente de me rassurer en me disant que ce mauvais score n'est probablement que local. Hélas, en ouvrant La Montagne du lundi, je constate la débacle généralisée de notre liste aussi bien dans le Puy-de-Dôme que dans les autres départements.
Graphique 1: part des suffrages au premier tour parmi les exprimés dans la grande région.
Le pourcentage cumulé des 3 premiers atteint 81,18%, celui des 5 premiers 93,46%
Graphique 2 : part des suffrages au premier tour parmi les inscrits dans la grande région
En pourcentage des inscrits le premier ne récolte que 14,98% des suffrages
Le grand gagnant est le parti de l'abstention.
Parmi les suffrages exprimés nous n'avons pas obtenu les plus mauvais scores. Vous pourrez penser que je suis satisfait de voir que Debout La France, parti patriote et souverainiste a battu Lutte Ouvrière, parti trotskyste et internationaliste. Pourtant en prenant le recul de l'objectivité faut-il se réjouir du résultat de L.O. (1,25%) ? Car enfin où sont passés les ouvriers, les travailleuses et les travailleurs pour reprendre la harangue du parti ? Où sont passés les métallo du Creusot, les Bib de Clermont, les infirmières du CHU ? Dans le meilleur des cas ils n'étaient pas allés voter le 6 décembre mais je crains en réalité qu'il n'y ait plus du tout d'électorat prolétaire. "C'est la crise...", "la situation économique est difficile...", "c'est à cause des charges..." ainsi raisonnent les ouvriers; ils participent eux-mêmes à la résignation générale et ne croient plus à la lutte. On a fini par bien éduquer le peuple. Sans adhérer à la bêtise trotskyste je m'interroge sur ce vide électoral. Personne ne devrait ricaner de ce score : c'est le signe du repli du prolétariat dans l'abstention et le vote Front National.
Nos concurrents de l'UPR récoltent quant à eux la dernière place au classement de la grande région et la dernière place dans tous les départements, à l'exception de la Haute-Savoie. Le score additionnel de l'UPR (0,87%) aurait bien fait l'affaire de DLF. Alors doit-on se réjouir de leur défaite ? Non et bien au contraire je partage leur déception de constater que l'électorat ne se mobilise pas, même lorsqu'on lui explique clairement les mécanismes des flux des fonds européens et la gabegie du fonctionnement des structures européennes autant coûteuses qu'inutiles. On a eu beau expliquer au peuple français que ces élections régionales françaises étaient en réalité des élections pour des eurorégions, rien y fait. Quel désespoir en effet de regarder cette France indolente, satisfaite dans le confort du bipartisme (ou du tripartisme tout aussi conformiste).
Dans ce contexte où seules les rengaines traditionnelles semblent avoir mobilisé les électeurs, Debout La France pouvait difficilement se faire entendre sur des thèmes précis (aéroport, route, canal...) et encore moins sur le slogan "Ni système ni extrème". Les français sont restés dans l'attente des miracles promis par l'alternance et le Front National a servi d'épouvantail et d'aiguillon pointé sur le PS et l'UMP au premier tour (et au premier tour seulement).
Pour autant avons-nous échoué ? Non !
Dans la tenacité et dans la droiture nous n'avons pas échoué !
Dans l'insistance de conserver notre indépendance avant, pendant et après les élections, nous n'avons pas échoué !
Dans le maintien d'un cap stable insensible aux alliances et mésalliances des forces en présence et inchangé malgré la pression de l'actualité nous n'avons pas échoué !
A l'issue de ces élections nous n'avons pas assisté à l'échec de Debout La France mais à l'échec de la diversité et des idées neuves, ainsi qu'à l'échec du civisme et je n'ose pas écrire à l'échec de la démocratie car on dirait encore que j'exagère.
Jérôme Framery DLF63
A découvrir aussi
- Discours de Gerbert Rambaud au congrès de DLF
- Article La Montagne Allier
- Lettre aux chasseurs par Gerbert Rambaud